J'étais ce matin à La Tribune pour présenter, devant l'hémicycle, l'avis du groupe socialistes et apparentés - Nupes sur la mission budgétaire culture.
Retrouvez ma prise de parole :
"Madame la Présidente,
Madame la Ministre,
Madame la Présidente de la Commission des affaires culturelles et de l'éducation,
Monsieur le Président de la Commission des finances,
Madame, Monsieur les rapporteurs,
Cher(e)s collègues,
Les crédits de la mission « culture » atteignent pour 2023, plus de 3700 millions d’euros, en hausse de + 7,4%. Une augmentation indispensable face aux crises passées et futures qui impactent la vitalité du secteur.
Alors que, pendant la crise covid, des plans d’aides spécifiques ont vu le jour pour accompagner le milieu de la culture, force est de constater qu’aujourd’hui, alors que ces plans ont pris fin et que de nouvelles menaces apparaissent, il reste peu de souffle aux acteurs pour « penser l’avenir ».
D’abord, parce que les séquelles de la crise sanitaire sont encore présentes et que l’épidémie de covid n’est pas derrière nous : comment aborder cette nouvelle année sereinement pour un directeur de musée, un artiste, un enseignant, face à une potentielle reprise épidémique ?
Aussi, parce que l‘inflation engendre des dépenses dantesques pour le milieu, qui ne sont pas intégralement compensées dans ce budget. Comment des acteurs déjà fragilisés depuis trois ans, trouveront ces sommes supplémentaires ?
S’ajoute à cela, la revalorisation du point d’indice, que je ne peux que saluer, mais qui constitue une nouvelle charge pour les structures.
Oui les crédits consacrés à la culture augmentent mais les dépenses incompressibles pour les acteurs de la culture augmentent aussi – la hausse budgétaire de cette année sert davantage à compenser qu’à investir.
Madame la Ministre, donnez-vous les moyens de vos ambitions !
À contextes exceptionnels, les réponses doivent l’être aussi.
1- D’abord, par une visibilité financière pluriannuelle pour les acteurs de la culture – en effet les incertitudes budgétaires sont des contraintes organisationnelles et économiques : par exemple, comme le souligne le rapport pour avis, dans le secteur du patrimoine, certaines dépenses d’entretien sont écartées engendrant à terme des coûts de restauration plus importants.
2- Mais aussi, par des réponses adaptées aux conséquences directes ou indirectes des crises inédites que traverse la France. Compensons l’inflation pour maintenir le tissu culturel unique de notre pays !
3- Cela doit également passer par des plans d’investissement ambitieux dans le secteur pour accompagner les acteurs dans leurs transitions numérique, écologique et pour les aider à diversifier leur public.
A ce sujet, il y a un réel enjeu à démocratiser la culture en replaçant les jeunes dans la politique culturelle. Si nous reconnaissons les récentes évolutions positives du Pass culture, les indicateurs du bleu budgétaire, à la baisse sur la fréquentation des lieux culturels, démontrent que l'accent doit être porté sur l'Éducation artistique culturelle, et en cela nous regrettons que l'objectif « 100% EAC » ne soit toujours pas atteint, avec 80% en 2022. Ce Pass représente une dépense non négligeable dans le budget, il faut être exigent quant aux retombés pour les jeunes et les acteurs locaux.
4- Enfin, il est indispensable que les annonces gouvernementales soient suivies de véritables actions concrètes dans nos territoires afin qu’elles ne soient pas des effets de communication. Nous sommes tous lasses, ici, de la création de nouveaux dispositifs séduisants qui en réalité fonctionnent mal.
Lorsque je constate que plus de 1500 équivalents temps plein ont été supprimés en 5 ans au ministère de la culture, permettez-moi d’être préoccupé pour la bonne réussite de nos politiques publiques en direction de la culture.
Considérant que ce budget ne répond que partiellement aux défis qui se dressent devant les acteurs du monde de la culture, le groupe socialistes et apparentés a décidé de s’abstenir lors du vote de cette Mission budgétaire.
Je vous remercie".
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