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4 octobre 2023 · Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Examen de la proposition de loi RN portant interdiction de l’écriture dite « inclusive » dans les éditions, productions et publications scolaires et universitaires ainsi que dans les actes civils, administratifs et commerciaux (n° 777) (M. Hervé de Lépineau, rapporteur) 

Madame la Présidente, 

 

Monsieur le Rapporteur, 

 

Chers collègues, 

 

Si le mot « député » est inscrit dans le dictionnaire comme nom masculin, plusieurs femmes membres de votre groupe se présentent comme « députée É – E ». L’usage de l’écriture inclusive ne semble donc pas être l’apanage de communautaristes wokistes…

 

En interdisant l’écriture inclusive ce sont des millions de documents officiels qui devront être remplacés, notamment ceux sur lesquels la mention « né(e) » est déjà inscrite de façon inclusive. 

 

L’écriture inclusive n’a donc rien d’un phénomène nouveau venant, comme vous l’écrivez dans votre exposé des motifs, « affecter » la langue française à l’instar d’une maladie. La féminisation des noms de métiers existait d’ailleurs déjà au Moyen-Âge. 

 

Amin Maalouf, nouvellement élu à la tête de l’Académie française, reconnaissait, il y a quelques jours, que sans être favorable à l’écriture inclusive, qu’elle « pose une question » : « elle met le doigt sur des difficultés, notamment liées à la féminisation, à l’héritage latin qui fait que des mots sont feminins ou masculins sans qu’il n’y ait de logique à la chose. » Il concluait par « Il faut chercher des réponses ». Or, le RN ne cherche aucune réponse à la féminisation du langage, il la combat.

 

La langue est le reflet de la société et de ses évolutions. Pas plus révolution que menace, l’écriture inclusive invite à repenser nos représentations. La seule chose s’en trouvant mise en danger est la domination du masculin sur le féminin, de l’homme sur la femme. C’est sans doute cela, au fond, qui vous effraie. Pour nous socialistes, la parité linguistique, la nomination au féminin et au masculin pour toutes les dénominations humaines, la représentation effective des femmes dans le discours social, sont des instruments essentiels dans la conquête d’une réelle égalité entre les femmes et les hommes.

 

Vous ne voyiez dans l’écriture inclusive qu’un obstacle à une communication fluide, j’y vois un outil d’égalité. Comme le montre une étude réalisée par l’institut Harris Interactive en 2017, les formulations inclusives ou épicènes suscitent jusqu’à deux fois plus de noms de femmes dans les représentations spontanées que les formulations qui invisibilisent les femmes.

 

Cette proposition n’est qu’un pur message politique antiféministe (fidèle à la nature de votre parti

 

« L’extrême droite a une constante, celle de nous combattre, de nous mépriser et de nous piétiner » dénonçait dans une tribune les associations féministes lors des présidentielles de 2022.[1]

 

Marine Le Pen en 2012 : “Le progrès, c’est de permettre aux femmes de rester à la maison »

 

Bien loin d’une logique émancipatrice où les femmes seraient libres de choisir leur destin, le discours du RN envers les femmes ne circule que dans un sens, celui du foyer où les femmes retrouvent leur rôle premier maternel.

 

À l’Assemblée nationale, comme au Parlement Européen, le RN s’est opposé quasiment unanimement et systématiquement aux textes qui promeuvent l’égalité entre les femmes et les hommes - que ce soit pour l’égalité salariale, l’accès à la contraception, la lutte contre les violences faites aux femmes et les violences de genre, ou la promotion de la parité.

 

Le RN a de tout temps été l’un des principaux opposants à l’avortement : il a régulièrement dénoncé les soi-disant « IVG de confort » ; il s’est fermement opposé à l’allongement des délais de 12 à 14 semaines.

 

Le RN s’oppose à l’éducation à la vie affective et sexuelle à l’école primaire, fondement de la prévention des violences auprès des plus jeunes.

 

Ce texte est un exemple supplémentaire.

 

 

Le groupe socialiste votera contre cette proposition et dépose un amendement de suppression. 

 

[1] https://www.lejdd.fr/Societe/tribune-lextreme-droite-est-incompatible-avec-les-droits-des-femmes-4105977

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