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12 octobre 2023 · Séance publique

Discussion générale Proposition de loi portant interdiction de l'écriture inclusive

 

Madame la Présidente, 

 

Monsieur le Ministre, 

 

Monsieur le Rapporteur, 

 

Chers collègues, 

 

Refuser les doubles flexions et les termes épicènes, mais commencer l’exposé des motifs de cette présente proposition de loi par l’expression « Mesdames, messieurs ». Faire la chasse à la féminisation des noms de métiers et prétendre vouloir se faire appeler « Madame le Président » en cas d’élection mais écrire en lettres capitales sur son affiche de campagne « Marine PrésidentE ». 

 

Après vous être vous-même rendu compte de l’absurdité de votre texte, vous vous retrouvez aujourd’hui à défendre un texte inepte. 

 

La langue est le reflet de la société et de ses évolutions. Pas plus révolution que menace, l’écriture inclusive invite à repenser nos représentations. La seule chose s’en trouvant mise en danger est la domination du masculin sur le féminin, de l’homme sur la femme. C’est sans doute cela, au fond, qui vous effraie. Pour nous socialistes, la parité linguistique, la nomination au féminin et au masculin pour toutes les dénominations humaines, la représentation effective des femmes dans le discours social, sont des instruments essentiels dans la conquête d’une réelle égalité entre les femmes et les hommes.

 

Une étude réalisée par l’institut Harris Interactive en 2017, montre que les formulations inclusives ou épicènes suscitent jusqu’à deux fois plus de noms de femmes dans les représentations spontanées que les formulations qui invisibilisent les femmes.

 

Sans y être favorable, Amin Maalouf, récemment élu à la tête de l’Académie française, a reconnu que l’écriture inclusive « pose une question » que le fait qu’un mot soit féminin ou masculin ne va pas nécessairement de soi et qu’il faut, conclut-il, « chercher des réponses ». Or, à travers cette proposition de loi, vous ne cherchez aucune réponse à la féminisation du langage, vous ne faîtes que la combattre comme vous combattez, depuis toujours, le droit des femmes. 

 

Quels que soient vos discours, ils ne sont qu’un vernis sur des idées et des actes rétrogrades et antiféministes. Dans ses votes, votre parti n’a cessé de montrer son mépris pour les femmesrenvoyées à une minorité dans l’exposé des motifs de votre proposition de loi. 

 

Bien loin d’une logique émancipatrice où les femmes seraient libres de choisir leur destin, votre discours envers les femmes ne circule que dans un sens, celui du foyer où les femmes retrouveraient leur rôle premier. Le féminisme n’est pas un corporatisme. 

 

Le Rassemblement national reste profondément marqué par une culture patriarcale. Vous ne vous intéressez aux femmes qu’à travers l’islamophobie et le nationalisme. 

À l’Assemblée nationale, comme au Parlement Européen, le Rassemblement national s’est opposé quasiment unanimement et systématiquement aux textes qui promeuvent le droits des femmes et l’égalité des genres. 

 

Vous avez voté contre la proposition de loi visant à renforcer l’accès des femmes aux responsabilités dans la fonction publique, contre la résolution européenne visant à créer des formation contre la harcèlement au sein des institutions européennes, contre la convention d’Istanbul visant à lutter contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique. 

 

Où étiez-vous au moment de loi Rixain sur l’égalité professionnelle ? Au Parlement européen, votre opposition a été constante sur le sujet. Vous avez voté contre une résolution rappelant le niveau anormalement faible des revenus des femmes au sein de l’Union européenne et incitant les États membres à intensifier leurs efforts. 

 

Preuve de la ténacité de vos vieux démons : en novembre dernier, lors du vote de la proposition de loi constitutionnelle visant à protéger et à garantir le droit fondamental à l’IVG, 23 de vos députés ont voté contre et 13 se sont abstenus. Rien d’étonnant quand on sait que l’ensemble de vos élus au Parlement européen ont refusé de condamner fermement l’interdiction quasi-totale de l’avortement en Pologne. CONTRE la condamnation d’une terrible menace sur le droit des femmes à disposer de leur corps mais POUR une poignée de main chaleureuse avec le Premier ministre polonais qui en porte la responsabilité. 

 

La liste est longue et je pourrais continuer encore longtemps. Vous n’avez jamais été féministes et votre texte n’en est qu’un exemple supplémentaire. 

 

Certains me diront que je me suis éloigné du sujet mais c’est bien parce que l’écriture inclusive ne pose pas qu’une question de graphie que le groupe Socialistes et apparentés votera contre cette proposition de loi. 

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