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Proposition de loi pour la fin de la concentration dans les médias : intervention en Commission

J'ai pris, mercredi 16 novembre, la parole devant la Commission des affaires culturelles et de l'éducation pour annoncer le soutien du Groupe Socialistes et apparentés sur la proposition de loi visant à mettre fin à la concentration dans les médias l'industrie culturelle de notre collègue Clémentine Autain.



Madame la présidente


Madame la rapporteure,


« Fléau médiatique, social et démocratique » tels sont les mots utilisés par 250 journalistes pour décrire, dans une tribune publiée en décembre dernier, la situation d’hyperconcentration des médias en France.


En effet, aujourd’hui, nul ne peut nier la situation de concentration de la presse et de l'audiovisuel. La presse d'information politique et générale se trouve regroupée dans les mains d'un petit nombre d'hommes et de sociétés dont souvent l'activité principale est très éloignée du monde de l'information et de ses principes : Libération, l'Express et le groupe BFM/RMC pour le groupe Drahi ; Le Monde pour Xavier Niel qui possède l'essentiel des titres de Presse quotidienne régionale du sud-est du pays... Les deux géants du luxe ont également investi dans la presse : Les Echos et Le Parisien pour Bernard Arnault (plus des prises de participation dans différents titres de la presse magazine) ; Le Point pour François Pinault.


La Presse quotidienne régionale est, quant à elle, aux seules mains de cinq ou six acteurs - dont deux groupes bancaires- qui ont cassé le système pluraliste issu de la libération.

Enfin, l’exemple le plus éloquent est peut-être celui du groupe Vivendi qui contrôle à la fois d’importantes chaines TV comme Canal +, C News ou C8 mais aussi Europe 1, le JDD ou encore Prisma Presse. Un pouvoir monumental entre les mains d’un seul homme d’affaire français.


Or, aucune prise de contrôle des médias n’est anodine, derrière, les menaces, sur le personnel, la liberté de pensée des journalistes, le pluralisme de l’offre ou encore la qualité de l’information, peuvent être bien réelles.


Cela se manifeste de différentes façons :


- Une augmentation significative du temps d’antenne consacré à l’extrême droite : à titre d’exemple, plus 15 points à la suite de la prise de contrôle de C News par Vincent Bolloré.


- Des licenciements abusifs de journalistes, comme celui de Stéphane Guy.


- La censure de sujets dérangeants pour certains actionnaires.


- La transformation de chaines d’informations en chaines d’opinion.


Tous ces signes doivent nous alerter car l’information n’est pas une marchandise comme une autre, les médias ne sont pas des entreprises comme les autres. Leur influence sur l’opinion, les débats publiques, les décisions politiques et le vote des citoyens est aujourd’hui telle que nous devons renforcer nos exigences en matière de liberté, de pluralisme et d'indépendance des médias. Des valeurs constitutionnelles dont le Parlement est garant. Il revient donc aux parlementaires de s’assurer que ces remparts à toute entrave de la démocratie, ne soient pas bafoués.


Parallèlement, les GAFAM s'impliquent sans cesse davantage sur le marché mondial des médias et des contenus, et les réseaux sociaux ont une influence majeure chez les jeunes.

Face à ce constat, il est important qu'au niveau national, la France puisse continuer à offrir à ses téléspectateurs et ses lecteurs des offres médiatiques et de presse diversifiées et indépendantes. L’hyper-concentration de certains médias est un risque pour notre démocratie. Nous avons le devoir d’adapter la loi pour le limiter.


Le groupe socialistes et apparentés soutiendra donc cette proposition de loi.

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